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Depuis longtemps, les chiffres montrent que les chercheurs publient davantage que les chercheuses. Pour la première fois, une étude pointe une corrélation entre ce fait et la conciliation travail-famille, qui tourne plus souvent au désavantage des femmes. Et la COVID risque d’avoir amplifié le problème.

La maternité explique « le gros de l’écart de productivité entre les genres » résume une équipe de l’Université du Colorado dans son article paru en février dans Science Advances. Concrètement, après la naissance d’un enfant, on parle d’une baisse de « productivité » de 20% des femmes scientifiques « à court terme », un écart qu’on ne retrouve pas chez les pères. Cet écart se réduit ensuite avec le temps, mais il faut rappeler que la publication est encore, dans l’écosystème universitaire, un facteur déterminant pour l’embauche et la promotion.

Les femmes sont également plus nombreuses à rapporter que l’existence (ou non) de congés parentaux payés et de garderies à proximité du lieu de travail sont des facteurs importants pour leur choix de prendre un emploi dans une université, ou de le garder. Aux États-Unis, 43% des institutions universitaires n’ont pas de politique de congés parentaux.

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L’étude s’est appuyée sur les statistiques provenant de 3000 départements dans 450 universités des États-Unis et du Canada, en 2018. Et elle arrive alors que des témoignages se multiplient sur les impacts de l’année COVID sur les femmes en recherche: elles ont été plus nombreuses à réduire leurs heures ou à carrément quitter. Des façons « d’évaluer le travail du scientifique doivent adéquatement prendre en compte une année de recherche perdue —spécialement pour les femmes scientifiques », insiste un éditorial paru le 3 mars dans Nature.

La revue Science Advances a elle aussi publié un éditorial en complément à sa recherche de février, où quatre chercheuses du Centre médical de l’Université Texas Southwestern y vont de recommandations. Entre autres: soutenir plutôt que décourager les étudiantes lorsqu’elles souhaitent avoir un enfant, des fonds de démarrage équitables pour les femmes en laboratoire, du mentorat de la part de parents qui sont passés par là. Et du côté des réformes structurelles, une « horloge de la permanence » à repenser: c’est-à-dire tout le système de promotion dans une université qui dépend des publications et qui implique, pour les femmes, des décisions à prendre au moment de leur carrière où elles sont aussi en train de prendre des décisions familiales.

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