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Art et science
Vers un nouvel humanisme?
(ASP) - Saviez-vous que c'est à un procédé
chimique que les peintres hollandais devaient l'immaculée
blancheur des cols de dentelle de leurs modèles? Que le
Scribe accroupi du Louvre a, à l'intérieur de sa
tête, des reproductions de globes oculaires anatomiquement
exactes, jusque dans leurs structures internes? Que les vrais
Van Gogh comportent 3 trous d'aiguille près des bords?
Ou encore que l'artiste Marcel Duchamp a, en 1912, dévoré
les écrits du mathématicien Raymond Poincaré,
dont il s'est ensuite inspiré? Ce ne sont que quelques-unes
des étonnantes interactions rapprochant l'art et la science.
Exemples à l'appui, l'atelier-débat "Art
et Science" s'est mis en route. Ariel Fenster, fils d'un
écrivain juif ami des peintres Chagall et Soutine et aujourd'hui
chimiste à McGill, n'a pas caché ses couleurs!
Blanc de céruse ou bleu outremer, les pigments nouveaux
ont d'abord été le fait d'artisans et de chimistes,
a-t-il rappelé. La science a rendu possible des chefs-d'uvre
et elle nous permet même de mieux apprécier l'art
grâce à des techniques comme la radiographie ou
la macrophotographie. Pour Jean-Pierre Mohen, directeur du laboratoire
de recherche des musées de France, l'esthétisme
repose en partie sur la science. "Si une oeuvre d'art est
mal construite, elle va vous choquer," a-t-il lancé,
tout en rappelant qu'on observe une divergence entre les deux
yeux du scribe du Louvre. Le souci anatomique ne fait que rendre
la sculpture plus troublante.
Mais attention : il ne faut pas plaquer bêtement des
connaissances scientifiques dans le domaine artistique, ou inversement.
C'est en tout cas la position du mathématicien français
Marc Guastavino. Le binôme art-science, a-t-il expliqué,
s'échange outils et idées fructueusement dans la
mesure où un élément nouveau est apporté
à l'autre champ.
Toutes ces questions ont donné lieu à un échange
nourri. La vingtaine de jeunes présents dans la salle
ont eux aussi fourni des exemples tirés de la musique,
de l'architecture, ou de la danse. À quoi sert l'art?
Et à quoi sert la science? Difficile de conclure un débat
vieux comme le monde. Comme Hervé Fischer, titulaire de
la Chaire Daniel Langlois en technologies numériques et
beaux-arts à Concordia, l'a rappelé, notre rapport
au monde change de façon cyclique. Le XIXe siècle
a glorifié la science et l'industrie tout en niant Dieu;
aujourd'hui, c'est au contraire le monde tangible des scientifiques
qui est critiqué, alors qu'un monde virtuel, simulacre
de la réalité, constitue la nouvelle utopie. Il
faut à nouveau viser un juste équilibre, revenir
à l'attitude humaniste d'un Léonard de Vinci, ingénieur
et artiste.
(15 octobre)
Olivier Lagueux
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